CONJONTURE 2012 PLUS TENDUE Ne pas refaire les erreurs de 2008
La hausse des dépenses en intrants jusqu'en 2009, couplée à la chute du prix du lait cette année-là, avait plombé les comptes. Attention à ne pas revivre cette situation.
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Souvenons-nous : l'effondrement du prix du lait en avril 2009 et les mois suivants avait été d'autant plus violent que les charges opérationnelles dépassaient les 200 €/1 000 l (voir ci-contre). Principalement en cause, la hausse du prix des intrants. Retrouverons-nous ce scénario en 2012 ou début 2013 ? Les indicateurs de marché incitent à la vigilance. Sous l'impulsion des cours de l'énergie et des céréales, les charges opérationnelles reprennent une voie ascendante depuis deux ans. Les marchés laitiers, eux, envoient des signaux d'alerte depuis le début de l'année. Les cotations de produits industriels accusent une baisse (voir p. 86). Des industriels commencent à évoquer des laits flottants sur le marché français. Les excédents structurels de certains font concurrence à des renouvellements de contrats de vente. De là à craindre un effondrement du prix du lait comme en 2009, les opérateurs économiques ne vont pas jusque-là.
Vers une baisse du prix du lait de 10 €/1 000 l
« Si l'on tient compte aussi de l'écart de prix avec l'Allemagne, d'avril à septembre, il faut s'attendre à une baisse du lait d'environ 10 €/1 000 l par rapport à 2011 », estime Gérard Calbrix, économiste à Atla. « Cela n'exclut pas une mini-crise due au prix des intrants, si pas ou peu de prêts de quotas sont proposés, faute de nouveaux débouchés », avance-ton au CER France Manche.
C'est qu'en 2011, le lait produit en plus a été déterminant pour la progression des EBE. Dans les fermes spécialisées en lait, il a masqué la hausse des charges. « Dans les exploitations manchoises clôturant au 31 décembre, l'effet volume explique 65 % de l'accroissement du produit lait (18 300 €), l'effet prix 45 %(1). La hausse des postes engrais, aliments et carburant-lubrifiant en a consommé près de la moitié. Au final, l'EBE progresse de 9 150 €. » Le prix des intrants poursuit sa tendance haussière. Le CER 50 prévoit une augmentation des charges opérationnelles de l'atelier du lait de 10 % en 2012.
Effritement du prix du lait, intrants boostés avec peut-être peu de prêts de quota : face à une telle conjoncture, plus que jamais, la maîtrise technico-économique est indispensable. « Il faut réduire les dépenses en intrants. Des marges de progrès existent. » Dans l'immédiat, les cours de la tonne de tourteau de soja flirtant avec les 380 €, la première mesure est des achats réactifs lorsque des fenêtres de baisse de prix s'ouvrent. Des alternatives au tourteau de soja peuvent être étudiées. L'étape suivante sera de réfléchir à un système fourrager moins consommateur d'azote. Côté engrais, la bonne valorisation des déjections reste primordiale. Vérifier aussi si des impasses en engrais chimiques sont possibles. Ne pas hésiter à épargner la trésorerie excédentaire pour résister à une situation plus tendue.
CLAIRE HUE
(1) Les livraisons augmentent de 15 000 l, le prix du lait de 20 €/1 000 l pour un EBE de 81 330 €.
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